TABLE DES MATIÈRES

Volume 67 Fascicule 2
Mai - août 2015

 ARTICLES

Religion et résistance

Contribution à une phénoménologie de la résistance sociale. Limites et ressources de la religion   
  Fred Poché sommaire

Le langage, point de résistance à la religion?
  Jean-François Savang sommaire

À qui et à quoi résistent les femmes qui combattent pour YHWH ?   I. Des résistantes pour YHWH
   Josselin Roux sommaire

À qui et a quoi résistent les femmes qui combattent pour YHWH ?   II. Contre une oppression dirigée contre les femmes
  Josselin Roux sommaire

Rencontre de Dieu et résistance spirituelle : Etty Hillesum et Simone Weil
  Frédérique Poulet sommaire

 Résistance et accomplissement de la volonté divine. Une relecture de Maurice Blondel, L’Action 
 Thomas Alferi sommaire

Hors thème

Immortality and tè kaqçlou in Aristotle – Part Two
  Robert Geis   sommaire
 
 


 RECENSIONS ET COMPTES RENDUS

 

Philosophie

David C. Bellusci i, Amor Dei in the Sixteenth and Seventeenth Centuries
  Graeme Hunter  
Éthel Groffier , TRéflexions sur l’université. Le devoir de vigilance
  David C. Bellusci, o.p.
Norman L. Geisler and Daniel J. McCoy, The Atheist’s Fatal Flaw: Exposing Conflicting Beliefs
  Scott Ventureyra  
Lee Spetner , The Evolution Revolution: Why Thinking People Are Rethinking the Theory of Evolution
  Scott Ventureyra  
Thomas E. Woodward and James P. Gills, The Mysterious Epigenome: What Lies Beyond DNA 
  Scott Ventureyra  
 

Théologie

Hans Ausloos - Bénédicte Lemmelijn (eds.) , A Pillar of Cloud to Guide. Text-Critical, Redactional and Linguistic Perspectives on the Old Testament in Honour of Marc Vervenne
  Walter Vogels  
James D.G. Dunn , The Oral Gospel Tradition
  Michel Gourgues, o.p.
Jean Chrysostome , QHomélies sur l’impuissance du diable
  André Picard  

Emmanuel DURAND, L’Offre universelle du salut en Christ
  Louis Roy, o.p. 
Emmanuel Durand, Évangile et Providence. Une théologie de l'action de Dieu
  James R. Pambrun oy, o.p.
Marie-Anne Vannier (dir.) , La christologie chez les mystiques rhénans et Nicolas de Cues
  Louis Roy, o.p.
 

 

 SOMMAIRES

Contribution à une phénoménologie de la résistance sociale. Limites et ressources de la religion
 Fred Poché 

 SOMMAIRE

La présente contribution s’intéresse au « vécu conscience » appréhendé à partir de ce qui empêche de résister, ou, au contraire, de ce qui fonctionne comme ressource(s) pour la praxis sociale. Dans un premier temps, l’article décrit les différentes figures que prend l’absence de résistance. Mais il souligne aussi les raisons qui la favorisent. La démarche qui consiste à appréhender l’acte de résister comme une démarche d’emblée positive fait également d’objet d‘une lecture critique. Il s’agit donc, dans un second temps, de montrer plusieurs faces d’ombre de la résistance. Enfin, dans un troisième temps, l’auteur regarde les conditions nécessaires pour qu’une saine résistance advienne en soulignant, dans le même temps, la place que peut y jouer la religion comme ressource.  

 

SUMMARY

Our contribution focuses on the concept of « lived experience »  in terms of what prevents one from resisting or, on the contrary, what constitutes a source of social praxis. The paper first describes the different forms that the absence of resistance takes, and, at the same time, it  underlines the reasons which favour it. The approach  comprehending the act of resisting as an obvious positive move is also be studied. The second step shows several less obvious facts of this so-called resistance. As a conclusion, the paper analyzes the necessary conditions to generate a sound resistance, underlying the role that religion may play as a possible resource.

 

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Le langage, point de résistance à la religion?
Jean-François Savang

SOMMAIRE

Cet article traite de l'implication réciproque des théories du langage et des modes d'institution théologiques. L'universalisme sémiotique, selon une logique du signe basée sur la « présence-absence » du monde dans le langage, constitue à cet égard une représentation métaphysique de la société occidentale. La théorie du signe suppose, à l'image du vicarius Christi, une théologie du sens. La transformation des institutions romaines dans l'ordre des discours fondateurs du christianisme témoigne de cette force du langage dans l'invention du dogme religieux et, réciproquement, de l'influence de la religion dans les théories du langage. La notion de religio, questionnée entre religere et religare, constituera ici un point de vue critique des tensions et des passages entre religion et langage.

 

 SUMMARY

This article deals with the interrelation between language theory and ways of theological institution. Semiotic universalism, according to a sign logic based on world's « présence-absence » in language, constitutes in this respect a metaphysical representation of western society. Sign theory involves, as vicarius Christi, a theology of meaning. The transformation of roman institution in grounding Christian discourse, testifies to the language activity in religious dogma and, reciprocally, to the religion influence in language theories. The notion of religio questioned with religere and religare, will make up a critical view of tensions and passages between religion and language.

 

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À qui et à quoi résistent les femmes qui combattent pour YHWH ?   I. Des résistantes pour YHWH
Josselin Roux 

SOMMAIRE

Débora, Yaël, la fille de Jephté, Esther et Judith : ces cinq héroïnes bibliques présentent de nombreux points communs. Cet article cherche à examiner en détail ces points communs en considérant ces femmes comme autant de variantes d’un personnage type : « la femme qui combat pour YHWH ». Il s’agit avant tout de préciser la nature et la visée de leur combat. Nous découvrons ainsi que leur combat est tourné contre des autorités masculines qui disposent de la puissance guerrière. Elles terrassent l’ennemi en atteignant la tête. Elles agissent avec courage et une très grande intelligence. Au cours de leur combat, elles prennent l’ascendant sur les autorités masculines de leur propre peuple. Au terme de leur action, elles sont célébrées par ce même peuple. Enfin, à travers la résistance de ces femmes, c’est la volonté même de YHWH qui s’accomplit.  Progressivement, ce sont les portraits de cinq résistantes qui se dessinent sous nos yeux.

 

SUMMARY

Deborah, Jael, Jephthah's Daughter, Esther and Judith : these five biblical heroines have many commonalities. This article seeks to examine in detail those commonalities considering these women as variations of a character type: “the woman who fights for YHWH”. The following research is predominantly to clarify the nature and aim of their struggle. Thus we discover that their struggle is directed against the male authorities who have the military power. They bring down the enemy hitting the head. They act with courage and great intelligence. During their fight, they gain ascendancy over male authorities of their own people. At the end of their action, they are celebrated by their people. Finally, through the resistance of these women, the will of YHWH is done. Gradually, striking portraits of five resistance fighters come into view.

 

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À qui et a quoi résistent les femmes qui combattent pour YHWH ?   II. Contre une oppression dirigée contre les femmes
Josselin Roux 

SOMMAIRE

Débora, Yaël, la fille de Jephté, Esther et Judith : non seulement ces cinq héroïnes s’opposent aux guerriers qui s’en prennent à leur peuple, mais elles résistent également aux forces masculines et androcentriques qui portent atteinte plus spécifiquement aux femmes, que ce soit pour les éliminer ou pour les soumettre. Cet aspect de leur résistance est présenté de manière très implicite et indirecte dans les récits en question. C’est particulièrement vrai dans le cas du livre de Judith. Cet article montre comment le récit laisse entendre que les femmes sont négligeables dans le peuple d’Israël, que seuls les hommes comptent, tout en offrant un cinglant démenti aux yeux d’un lecteur averti. À l’empire des « hommes sûrs de leur force », le livre oppose d’abord le peuple de ceux qui supplient le Seigneur, hommes et femmes réunis, et enfin, Judith et toutes les femmes à sa suite. En effet, dans la gloire de la victoire, les femmes précèdent les hommes.

 

Summary

Deborah, Jael, Jephthah's Daughter, Esther and Judith : not only these five heroines confront some warriors who attack their people, but they also resist the male and androcentric strengths which specifically affect women, either to eliminate or to submit them. This aspect of their resistance is implicitly and indirectly presented in the stories in question. This is particularly true for the book of Judith. This paper shows how the narrative suggests that women are negligible in the people of Israel, that only men count, while providing a scathing refutation in the eyes of an informed reader. Against the empire of “men confident in their strength”, the book first pits all the people who beg the Lord, men and women together, and at the very end, Judith and all the women after her. Indeed, in the glory of the victory, the women precede the men.

 

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Rencontre de Dieu et résistance spirituelle : Etty Hillesum et Simone Weil
Frédérique Poulet

SOMMAIRE

Les différents drames du XXème siècle ont confronté les philosophes et les théologiens à la question du mal malheur et nécessitent de penser une nouvelle herméneutique des actes de résistance, voire de penser la résistance selon un nouveau schème ; celui de la résistance spirituelle. Le présent article s’essaie, dans un premier temps, à dégager les lignes directrices et les concepts clés de la résistance au mal dans les écrits d’Etty Hillesum, puis après avoir entendu le questionnement que peut susciter son attitude, interrogation formalisée en particulier par Tzvetan Todorov, de considérer comment la philosophie de Simone Weil vient enrichir cette remise en cause. À partir des consonances et des convergences de pensée ou d’intuition de ces deux femmes, de leur recherche spirituelle, des concepts communs auxquelles elles se réfèrent, il propose de penser à nouveaux frais la notion de résistance, y compris politique, au XXIe siècle.

 

SUMMARY

The various tragedies of the twentieth century have confronted philosophers and theologians to the question of evil as misfortune. Nowadays it seems necessary to think a new hermeneutic of the acts of resistance or to think resistance in a new way called “spiritual resistance”. In this article, we will first identify the guidelines and key concepts of resistance to evil in the writings of Etty Hillesum. Then we will take the interrogation formalized by Todorov into account. Thirdly, we will consider how Simone Weil’s philosophy enriches this challenge. We will then propose to think resistance (even the political one) for the 21st century in a new way based on the consonances and convergences of thought or intuition between these two women, on their spiritual research, and on the common concepts to which they refer.

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Résistance et accomplissement de la volonté divine. Une relecture de Maurice Blondel, L’Action
Thomas Alferi

SOMMAIRE

La théologie chrétienne constitue un corps étranger dans la gamme des sciences parce qu’elle envisage de penser l’impensable : le don inédit de l’amour de Dieu qui réoriente complètement les visées humaines. Or, depuis ses origines, la résistance qui se manifeste ainsi dans la révélation du Christ est conçue, de façon corrélative, avec l’idée d’un accomplissement. De ce point de vue, comment développer, en théologie, une rationalité cohérente? Pour honorer ce questionnement, un recours à L’Action de Maurice Blondel se montre particulièrement fécond. Après avoir esquissé la situation du jeune doctorant catholique, l’article retracera les lignes argumentatives de son opus magnum aboutissant à l’idée d’un Dieu qui, en se révélant, résiste à la volonté humaine tout en la menant à son accomplissement. Au regard de cette conviction, l’Action permettra d’alimenter, à nouveaux frais, notre réflexion sur le fonctionnement fondamental de la rationalité théologique.

 

SUMMARY

Christian theology represents an alien element within the range of science because it seeks to think the unthinkable: the unedited gift of God’s love which completely reorganizes human striving. Yet, from its beginnings, the resistance which manifests itself in the revelation of Christ is, in a correlative way, conceived with the idea of an accomplishment. How can we – from this point of view – develop a coherent rationality in theology? In order to pay tribute to this question reverting to L’Action written by Maurice Blondel seems to be particularly fruitful. After summarizing the situation of the young catholic student this article retraces the argumentation of his opus magnum which brings us onto the idea that God, in his revelation, offers resistance to the human will and leads it to its accomplishment. Thus the text gives us new inspiration for questions about the basic operating of theological rationality.

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hors thème


Immortality and tè kaqçlou in Aristotle – Part Two
Robert Geis
 

SOMMAIRE

Aristote défend l'immortalité individuelle du noÂv humain, ce qui ressort de l’exégèse des Seconds Analytiques (100a 13-15) et des textes explicatifs qui s’y rapportent. L’Éthique à Nicomaque 1111b 23-24, cependant, contredit directement ce que requiert l'épistémologie aristotélicienne pour l'accès du noÂv à l’universel. Cette étude fait ressortir, à la lumière de l’épistémologie d’Aristote, les incohérences que EN 1111b 23-24 introduit ainsi dans sa pensée. Elle souligne qu’on ne trouve rien chez Aristote qui cherche à écarter ce qui, dans ce passage de EN, contredit sa thèse selon laquelle l’aptitude humaine à l’pistÐmj témoigne de la dimension immortelle de l’âme humaine.

 

SUMMARY

Aristotle argues for the individual immortality of human noÂv, which an exegesis of Posterior Analytics 100a 13-15 and texts explanatory of it bear out. EN 1111b 23–24 directly contradicts, however, what Aristotle’s epistemology of noÂv’ acquisition of the universal requires. “Immortality and tè kaqçlou in Aristotle” sets out the inconsistencies that arise from EN 1111b 23–24 for Aristotle in light of his epistemology. Aristotle, the essay further points out, provides no way out of the contradiction with which EN 1111b 23–24 confronts his thesis that man’s capacity for pistÐmj evinces an immortal dimension in the human soul.  

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