Volume 51 Fascicule 2
mai-août 1999

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La réflexion philosophique sur le suicide fut partagée, dès l'Antiquité, en deux formes contradictoires d'argumentation dont l'affrontement n'a eu de cesse de se perpétuer à travers le temps. Sénèque et Plotin constituent des figures emblématiques de cette controverse forgée en référence au stoïcisme d'une part, au néoplatonisme d'autre part. Leur débat, toujours inachevé, se poursuit de nos jours dans les légitimations que l'on déploie pour considérer le problème de l'assistance médicale au suicide, voire de la bioéthique en général. Or, si l'individualisme de l'un et l'esprit de transcendance de l'autre semblent difficilement conciliables dans la construction d'un rapport social à la mort, le présent propos tente de comprendre comment le droit est aujourd'hui sollicité pour bâtir des encadrements légaux en naviguant entre Sénèque et Plotin et en assumant leurs exigences incommensurables. Il examine le dispositif par lequel le domaine juridique glisse de plus en plus vers l'ingénierie sociale en résolvant les phénomènes extrêmes de la bioéthique. Trois limites sont ici rappelées comme contribution au débat: l'insuffisance de la liberté individuelle comme cadre déterminateur dans la gestion de la mort, l'impuissance de la loi à évacuer la dimension symbolique, la mise en scène d'une morale qui ne peut être que punitive quand l'État se fait, par le droit, gardien du passage de vie à trépas.

Summary
Since ancient times, philosophical reflection has known two contradictory forms of argumentation whose tension constantly reappears through history. Seneca and Plotinus represent emblematic figures in this debate marked both by stoicism on the one hand and neoplatonism on the other. Their unending conversation is brought forward today in the legitimization efforts deployed to consider the problem of medical assistance to suicide, even the whole field of bio-medical ethics. Although Seneca's individualism and Plotinus' spirit of transcendence seem hardly reconcilable in constructing a societal stance towards death, the present text is an effort towards understanding to build legal frameworks, navigating between Seneca and Plotinus, while assuming their incommensurable views. It examines the mechanism by which the legal field tends increasingly towards social engineering in settling the most extreme phenomena in bioethics . As a contribution to this debate we underline three limits: the insufficiency of individual freedom as determining frame work in the management of death; the incapacity of the law to eliminate the symbolic dimension, and the recourse to a morals that can only become punitive when the state makes itself, through the law, the guardian of the passage from life to death.

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L'article expose le recours que la critique textuelle du Nouveau Testament fait aux citations patristiques pour atteindre ses buts traditionnels: établir l'état le plus ancien du texte et écrire l'histoire de la transmission du texte. Les citations patristiques peuvent aussi être utiles dans l'examen d'autres questions qui relèvent de la critique textuelle du NT, comme celle des liens entre l'état du texte et son interprétation, et celle des motivations qui ont influencé la corruption du texte. L'auteur décrit les avantages des citations patristiques par rapport à d'autres sortes de témoins et les difficultés inhérentes à l'usage du témoignage patristique. Enfin, l'article énumère les éléments d'une méthode pour un bon usage des citations patristiques dans la critique textuelle du Nouveau Testament.

Summary
The article presents the case for using patristic quotations in New Testament textual criticism in the pursuit of its traditional goals, that is establishing the most ancient state of the text and writing the history of the text's transmission. In addition, patrististic quotations can be useful in investigating other questions relevant to NT textual criticism such as the relationships between the state of the text and its interpretation, and the social and theological motivations that influenced textual corruption. The author describes the advantages of patristic quotations over other types of evidence, and the difficulties inherent in the use of patristic evidence. Finally, the article enumerates the elements of a method for using patristic quotations in NT textual criticism.

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Ce texte reprend le thème nietzschéen de "la mort de Dieu" et le thème marxien de la religion comme "opium du peuple". Ces deux thèmes, qui appartiennent à l'âge de la modernité, se rejoignent dans une culture générale qui les transforme en slogans. En effectuant une brève retrospective pour vérifier s'il est possible de comprendre pourquoi l'extinction de la religion n'a pas eu lieu, nous tentons d'honorer ce qui, dans la critique nietzschéenne et marxienne de la religion, fut honnête et intrépide, sans pour autant avaliser ce qui relève d'une nette absence de lucidité.

Summary
This text returns to Nietzsche's theme that "God is dead" and Marx's theme that religion is the "opium of the people". Both themes belong to the age of modernity and merge in a broader culture which has transformed them into slogans. In trying to understand why the extinction of religion has not taken place, this brief examination will attempt to do justice to the honesty and boldness of nietzschean and marxian critiques of religion without, however, endorsing those elements stemming from an evident lack of lucidity.

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Strauss utilise le concept de sécularisation d'une manière qui lui est propre: il y a eu sécularisation dans la mesure où la philosophie moderne n'a pas su se libérer de certaines conceptions chrétiennes dans sa définition du nouvel ordre qu'elle voulait instaurer. La modernité a emprunté, parfois à son insu même, certains traits de l'adversaire qu'elle combattait. Le concept de sécularisation qui semblait de prime abord totalement rejeté au profit de la colère anti-théologique est ainsi réintroduit par Strauss sous une forme modifiée.

Summary
Strauss uses the concept of secularization in his own way: there has been secularization inasmuch as modern philosophy has not succeeded in freeing itself from some christian conceptions in its definition of the new order it attempted to introduce. Modernity has borrowed, sometimes unbeknownst to it, some traits from its very adversary. The concept of secularization that seemed at first completely rejected in favour of that of anti-theological wrath is thus reintroduced by Strauss in a modified form.

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Cet article présente les ressources conceptuelles et symboliques auxquelles Jean de la Croix a fait appel et à partir desquelles s'élabore sa contribution originale à la tradition mystique occidentale. L'article comprend trois parties: la première est une introduction générale au milieu historique de Jean, avec ses caractéristiques politiques, sociologiques, intellectuelles et religieuses. La seconde partie est un examen de la vie même de Jean et de l'évolution de son oeuvre au cours des ans. Enfin, la troisième partie souligne à la fois ce qui constitue la contribution de Jean et le caractère unique de celle-ci.

Summary
This article is a presentation of the conceptual and symbolic resources which John of the Cross used to make his original contribution to the western mystical tradition. There are three main areas examined in the article in order to present these conceptual and symbolic resources. The first of these is a general introduction to the historical milieu of Juan, its political, sociological, intellectual, and religious characteristics. The second is an examination of John's own life and the development of his writings within that life. The third is a presentation of the unique contribution of John of the Cross to the Christian west.

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